Éducatrice spécialisée HES-SO, coach membre de SECA, enseignante, auteure, peintre

Il est fidèle

2025
21x30 / papier de soie, acrylique, poudre de marbre, craies grasses
Chant : Tu es fidèle / Carl-Handy Corvil et Victoire Musique
Vendu

Car tu as fait d’Adonaï, le Très-Haut, qui est ton refuge, ta demeure. Aucun malheur ne t’arrivera, aucun désastre ne s’approchera de ta tente ; car il ordonnera à ses anges de prendre soin de toi et de te garder partout où tu iras.
Psaume 91 : 9-11
 
Le Seigneur est fidèle, il vous affermira et vous protégera du mal.
2 Thessaloniciens 3 :3
 
Dans ma onzième année, un évènement va ouvrir une porte insoupçonnée qui restera ensuite longtemps hors de ma vue.
 
C’est la nuit. Je dors dans la chambre que je partage avec ma sœur Caroline. Nous avons des lits superposés en métal rouge. Le mien est celui du haut. Notre chambre a deux portes, une à droite qui s’ouvre sur la chambre de notre petit frère Michaël et une autre à gauche qui permet d’entrer dans la chambre de nos parents.
 
Je me réveille dans un état d’alerte. Quelque chose est en train de se passer ! Je garde les yeux ouverts, aux aguets. Tout semble normal, mais je suis tendue. Tout à coup, je vois la porte de la chambre de mon frère s’écarter et un être lumineux entre dans la chambre. Ce que je vois est très difficile à décrire. C’est comme une personne qui ressemble vaguement à une femme que mes parents connaissent, mais on dirait un homme, en même temps. Cet être a des cheveux ondulés, jusqu’aux épaules. Il est tout blanc et brille, même le visage. Il est fait d’une seule lumière. Il n’y a pas de différence de teinte entre ses cheveux, sa peau et ses vêtements. Pourtant, je vois les traits de son visage, ses yeux et les plis de son habit, une sorte de robe.
 
Il entre très lentement et il se tourne vers moi. Il me regarde. Dès son entrée, je m’assois sur mon lit. Comme je suis en haut du lit superposé et qu’il est grand, son visage est à ma hauteur. Je suis épouvantée, en sueur d’un coup. Mon cœur me frappe les côtes à force de battre.
 
Je tente de réfléchir. « Est-ce que je rêve ? ». Comment le savoir ? Je me souviens des bandes dessinées que je lis. En particulier Donald et son oncle Picsou. Quand ils sont surpris, ils disent « Pince-moi, je rêve ! ». Alors, ils se pincent, crient « Aïe ! » en sentant le pincement et ils savent qu’ils ne rêvent pas. Avec cette idée, je pense que si je touche le métal de mon lit et que je sens le froid, alors cela veut dire que je ne rêve pas. Je pose ma main dessus. C’est froid ! L’être lumineux fait un pas dans ma direction. Je pense : « S’il fait un pas de plus, je hurle ! ». Il s’immobilise, comme s’il avait entendu ma pensée. Il me fixe un moment dans les yeux, puis il me dit : « Je viens du ciel pour te protéger ».
Stupéfaction. « C’est un ange ! ».  Avant que je puisse me demander comment réagir, il se détourne et il repart en direction de la chambre de mon frère. Il passe la porte et je ne le vois plus. « Mince ! Michaël ! S’il le voit, il va avoir peur ! ». Bien que terrifiée, il faut que je sois près de mon frère pour le rassurer au cas où il se réveille face à l’ange. Mon corps est tellement tremblant que cela m’est difficile de descendre l’échelle de mon lit.  Je n’arrive pas à atteindre les échelons. Pour finir, je saute par terre. Puis, je me dirige prudemment vers la porte et je regarde. Pas d’ange ! Mon frère dort profondément. J’inspecte la salle de bain, attenante à la chambre de mon frère. Vide. L’ange a disparu. Sans réfléchir, je coure à travers la chambre de mon frère puis celle que je partage avec ma sœur jusque dans la chambre de mes parents. Je me jette au pied de leur lit, sur leur duvet, et je me mets à pleurer en disant : « J’ai vu un ange ! ». Ils se réveillent, ils me consolent et ils me disent que j’ai rêvé.
 
C’est le plus logique. Je retourne au lit, persuadée que je n’ai pas rêvé. Pourtant voir un ange n’est pas possible, n’est-ce pas ? Alors face à l’incroyable, je fais comme font souvent les enfants, j’enfouis cette expérience tout au fond de ma mémoire, bien cachée sous le mouchoir de l’oubli. 
 
Quatorze ans plus tard, je rencontre Celui qui envoie des anges.
Et, depuis, je sais que je n’ai pas rêvé.

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